Filipina SALOMON
Thèse sous la direction de Gilles Séraphin
L'expression confiage informel désigne la pratique de confier un enfant par sa famille d'origine à une autre personne de manière informelle, en dehors de tout cadre légal. Connu et décrit par les anthropologues sur les terrains dits exotiques (Goody, 1983 ; Lallemand, 1993), il est marginal dans le contexte français métropolitain de nos jours (Kamga, 2013). S'inscrivant dans le champ d'études sur les représentations et les pratiques dans le travail social (Boutanquoi, 2014), notre recherche vise à saisir ces circulations d'enfants informelles par l'entrée institutionnelle et relationnelle : comment les différent.e.s professionnel.le.s les repèrent, perçoivent et prennent en compte ?
La recherche est fondée sur 40 entretiens semi-directifs avec 42 professionnel.le.s issu.e.s des différents territoires, exerçant dans deux milieux d'intervention : 28 travaillant aux services sociaux scolaires et 14 à l'aide sociale à l'enfance. Ce poster présente la première partie des analyses : un repérage des pratiques de confiage que ces professionnel.le.s sont amenés à comprendre et accompagner. Nous avons recensé 89 situations décrites dans les discours des participant.e.s : elles témoignent d'une grande diversité de cas de figure. Nous découvrons alors que les confiages relèvent des temporalités courtes (quelques semaines) ou longues, allant jusqu'à plusieurs années, qu'ils concernent parfois de jeunes enfants. Ils peuvent évoluer en des formes encadrées par des institutions comme tiers digne de confiance ou délégation d'autorité parentale. Parfois, c'est un.e travailleur.se social.e qui suggère un confiage informel à une famille, en attente d'une formalisation de la situation. Alors que de nombreux confiages concernent les familles issues des migrations, certains se font au sein des familles françaises autochtones. Cette donnée permet de penser ces pratiques non seulement comme un phénomène exotique, marqueur d'altérité par rapport aux pratiques familiales en Occident, mais comme un indicateur de dynamisme et de la plasticité des configurations familiales informelles en France métropolitaine.
In fine, c'est la norme implicite de proximité et de cohabitation des parents avec leurs enfants qui se trouvent interrogées à travers les discours des professionnel.le.s sur ces configurations ainsi que sur les actions qu'ils/elles mobilisent pour accompagner les enfants et leurs familles de confiage.
Mots clés : confiage informel, professionnel.le.s du social, service social scolaire, aide sociale à l'enfance, perceptions, représentations
Bibliographie
Boutanquoi, M. (2014). Les déterminants des pratiques professionnelles dans le champ des interventions socio-éducatives : Au-delà des représentations sociales. Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ere nouvelle, Vol. 47(4), Art. 4.
Cohen-Emerique, M. (2015). Pour une approche interculturelle en travail social. Presses de l'EHESP. https://doi.org/10.3917/ehesp.cohen.2015.01
Goody, E. N. (1982). Parenthood and social reproduction: Fostering and occupational roles in West Africa. Cambridge University Press.
Kamga, M. (2014). Education familiale et fosterage. L'Harmattan.
Lallemand, S. (1993). La circulation des enfants en société traditionnelle : Prêt, don, échange. L'Harmattan.
Sellenet, C. (2015). Parentèle, tiers dignes de confiance et parrains : Des solidarités autour de l'enfant en protection de l'enfance. Informations sociales, n° 188(2), Art. 2.
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